Père Seymour Rot : Quand le maquillage donne vie (ou mort ?) à un prêtre zombie
Derriere les litres de faux sang, la gélatine remaniée et les vers de farine déshydratés, se cache une passion dévorante : celle de donner vie (ou plutôt mort) à des personnages plus vrais que nature. Bienvenue dans l’univers de Seymour Rot, alias le père zombie qui fait frissonner l’Ohio… avec le sourire !

Un zombie, un micro, une mission
Tout a commencé en 2009, au Goodale Park de Columbus, dans l’Ohio, lors de la toute première Zombiewalk Columbus.
Là, entre deux boîtes de conserve offertes pour une bonne cause, notre héros découvre une nouvelle forme d’art : le maquillage SFX. Coup de foudre ? Coup de pinceau ? Coup de folie ? Non, appel de vocation !

Cet événement, né comme un simple flashmob caritatif pour récolter des denrées pour le Mid-Ohio Foodbank, allait devenir bien plus. Avec un slogan aussi absurde que génial — « Why don’t you come out and support the living, by walking with the dead? It’s a no-brainer! » — Seymour découvre la puissance du maquillage SFX. Et c’est le déclic.
D’abord maladroit — il admet lui-même avoir ressemblé à un « raton laveur enragé » —, il se passionne vite pour la transformation par les effets spéciaux. Il échange avec des artistes, visionne des heures de tutoriels YouTube, et développe ses propres techniques maison.
« Même les morts ont besoin d’un bon maquillage. » – Père Rot
Des techniques maison aux podiums de l’horreur
Son arsenal ? De la gélatine neutre mélangée à du faux sang et de la mousse synthétique pour imiter de la matière cérébrale. Du riz brun (remplacé ensuite par des vers de farine déshydratés pour oiseaux). Des mouches artificielles achetées sur Amazon, du latex liquide pour les peaux en décomposition. Ou encore du rigid collodion, produit magique pour simuler des cicatrices profondes.
Mais ce n’est pas tout ! Pour incarner son personnage jusque dans les moindres détails, il fait faire des prothèses dentaires sur mesure par l’artiste Maria Hernandez de Coven FX Studios à Mexico City, à partir d’empreintes dentaires envoyées depuis l’Ohio.
Le Père Seymour Rot et sa sainte trinité de l’ombre
De cette passion naît un personnage : Father Seymour Rot, un prêtre zombie aussi terrifiant que satirique. À ses côtés, une équipe infernale : Justin Ground, son « altered boy » (jeu de mot sur « altar boy ») et Sister Mary Mortuary, sa comparse gothique
Le message est clair : si même le clergé est infecté, alors plus rien ne peut nous sauver. Une critique subtile (ou pas) des institutions, dans un univers aussi drôle que dérangeant.
Une figure iconique de la scène alternative de Columbus
Année après année, Seymour Rot devient une figure locale incontournable :
- Animateur du concours de beauté Ms. Living Dead Columbus
- Participant phare du Highball Halloween, le mini Mardi Gras de Columbus
- Maître de cérémonie de bar crawls zombies
- Et même officiant de mariages zombies certifié !
Son univers fait mouche. Son travail est salué dans la presse, à la radio, en podcast et à la télévision. Il collabore avec les meilleurs pour donner vie à ses visions : Laura Dark Studios , Lost or Forgotten Studios, Todd Reed de Steam Punk FX Studios, Le photographe Joseph Benitez (Neon Demon Photography), Lucretia Wildermuth (Down the Rabbit Hole Photography), Buzz Crisafulli (Shadowbox Live).
Ensemble, ils créent des images aussi sublimes qu’inquiétantes, où l’horreur devient élégante, et la provocation, une forme d’art.
Parmi ses nombreuses créations marquantes, l’artiste mentionne une série qu’il avait presque oubliée : « Les sept péchés capitaux du point de vue d’un zombie ». L’un des volets les plus percutants de cette série abordait l’orgueil, incarné selon lui par « le narcissique le plus orgueilleux du monde : le grand ogre orange lui-même, Donny Douchebag Trump ». Grand amateur de satire politique, il avoue avec humour ne pas avoir pu résister à l’envie de « tirer sur Shitler », en illustrant ce péché à travers une vision mordante et visuellement frappante, accompagnée de portraits de deux des plus « chers amis » de l’ex-président américain.
Seymour ne compte pas s’arrêter là. Un roman est en préparation, retraçant l’histoire fictive et démente du Père Seymour Rot à travers les âges : une épopée mêlant possession démoniaque, corruption ecclésiastique, romance, humour noir, Easter eggs pour fans de pop culture, et sacrilèges visuels à volonté.
Il prévoit aussi de sortir un jeu de société basé sur cet univers.
Et comme si cela ne suffisait pas, il travaille actuellement sur une scène de crucifixion avec trois nonnes gothiques/démoniaques. Art ou blasphème ? À chacun sa lecture. Lui, diplômé de 12 ans d’école catholique, assume avec un sourire acide.
Prochain rendez-vous : « Une interview avec un zombie »
En août, il donnera une conférence dans un speakeasy local, intitulée An Interview with a Zombie. Objectif ? Faire rire, réfléchir, et… grogner. Au programme : vie quotidienne des zombies modernes, intégration sociale, relations amoureuses et problèmes de régime alimentaire (trop de cerveaux, pas assez de protéines). En plus, des anecdotes hilarantes, comme :
« Deux zombies mangent un clown. L’un demande à l’autre : Tu trouves pas que ça a un goût bizarre ?' » . Et bien sûr, il y aura des blagues douteuses sur le Viagra version zombie — Dieagra, évidemment.
Un artiste complet, un message puissant
Seymour Rot est plus qu’un personnage : c’est un artiste passionné, un provocateur poétique, un hommage vivant au pouvoir de l’imaginaire. Il résume sa philosophie ainsi : « Sans l’art, la grossièreté de la réalité rendrait le monde réel insupportable. » – George Bernard Shaw